Kinshasa est dans l’expectative. Les kinois ont une appréciation de la situation actuelle et un discours bien différent de celui que tiennent la MONUC, par la bouche de son porte-parole, le lieutenant-colonel Didier Rancher, et l’état-major des FARDC, par le truchement des divers communiqués du Général Kisempia. Et se sont bien ces communiqués et le ton hautain du général qui faussent quelques peu le rendu que les congolais de la diaspora peuvent avoir de ce qui se passe sur le terrain. En effet, Kisempia jure ses grands dieux de n’avoir pas donné d’ultimatum aux deux anciens vice-présidents de se défaire des hommes en armes qui leur sert de garde rapprochée et de les remplacer par 12 policiers fournis par ses soins. Mais ceci n’est pas l’exacte vérité. On se souvient que la date du 15 mars dernier était bien la date limite fixée par Kisempia pour l’exécution de son ordre.
Mais les kinois disent que cette manière par trop autoritaire ne pouvait que déboucher sur un regain de tension car, et ce n’est un secret pour personne, les deux anciens vice-présidents concernés ne se sentent pas prêts à donner leur confiance en des hommes qu’ils jugent trop assujetti au pouvoir monolithique en place. De plus, ils ne cessent de se référer à un accord qu’ils auraient conclu avec le gagnant de la présidentielle et qui leur garanti le droit de garder leur dispositif sécuritaire en l’état. La question est alors de savoir si l’ordre de Kisempia est une initiative personnelle du général ou s’il provient des hautes sphères du pouvoir. Répondre à cela permettrait d’éclaircir quelque peu le problème. E parlant avec les kinois, qui ont vécu hier avant-midi de légers accrochages entre des gardes de Jean-Pierre Bemba et des hommes de troupe (envoyés par on ne sait pas qui), le sentiment général est bien que si les FARDC négocient avec Nkundabatware dans le Kivu, alors pourquoi vouloir à tout prix forcer la main aux deux anciens vice-présidents à Kinshasa. Il faut faire la même chose en gardant toujours à l’esprit les événements meurtriers d’août et novembre 2006. Une solution en douceur qui permettrait une réintégration dans l’armée régulière des hommes en armes commis à la garde de Ruberwa et Bemba.
Et les kinois de rajouter, et surtout de réfuter, que les hommes de Bemba qui se sont déployés devant la résidence du Chairman n’étaient absolument pas « chanvrés » comme le dit le porte-parole de la MONUC.
En poursuivant la discussion avec les habitants de la capitale, il apparaît très clairement que pour eux, comme pour la quasi-totalité des congolais de l’extérieur, cette histoire de désarmement des hommes de Bemba et de Ruberwa n’est qu’une stratégie du pouvoir pour distraire les congolais de la véritable actualité, une actualité qui n’est autre que l’affaire Kahemba. Tout le monde est persuadé que la vérité sur cette prise territoriale d’une partie de la province du Bandundu par le voisin angolais plonge ses racine dans l’épopée de l’AFDL et des multiples accords de compensations passés entre les instances dirigeantes du fameux « conglomérat d’aventuriers » et des différentes nations qui ont prêté leur concours pour la prise de pouvoir de Mzee. Et un kinois de faire remarquer qu’à l’époque de L.D. Kabila, un certain Denis Kalume était déjà présent lorsque l’Angola et Mzee se rencontraient. Qui aujourd’hui pourrait continuer à soutenir que la borne 21 montrée par les angolais comme étant la borne coloniale, donc devant daté de 1890, et portant des inscriptions totalement absurde, est la vraie borne frontalière ? Personne ne le peut car une borne qui dit d’un côté « Republica da Angola » et de l’autre « Republica da Zaïre » ne peut être la vraie. En effet, en 1890, il n’y avait ni de République d’Angola, ni de République du Zaïre.
Que l’on cesse de tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Encore une fois, la vérité est ailleurs et si nous voulons nous en sortir, nous devons la chercher, la trouver et la divulguer. Et une fois que nous auront la vérité, alors nous pourrons frapper à la tête de cette hydre qui nous déchiquette les flancs.
En attendant, Kinshasa et tout le pays retiennent leur souffle en souhaitant que ces affrontements qui sont latents n’éclatent pas et que le sang des congolais, qui n’a que trop coulé déjà, ne se répande plus une fois encore.
PL.L, MAC