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Prince du Fleuve Congo
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16 novembre 2006

Les dés sont tombés.

Les dés sont tombés.

Alphonse-Marie Bitulu, Kinshasa

Le peuple a perdu devant la magie des chiffres vomis par les "calculateurs" de la CEI. Apollinaire et Hyppolite ont gagné le pari. Tout le monde s'en doutait et le redoutait.

Le silence du challenger JPB étonne d'aucun. On s'attendait à une protestation sauvage. Personne ne comprend le silence dans lequel le camp de la Patrie a sombré.

Mais n'est-ce pas un calme trompeur qui précède la tempête ?

Les habitués de la scène congolaise le pensent et avec raison. Celui qui lèvera la voix n'est pas connu, mais tout le monde attend qu'il prononce un mot salutaire; comme ce mot que sollicitait le centurion romain au Christ Jésus pour voir guérir son esclave. Il ne s'agit plus de réaction épidermique. Mais bien d'une démarche systématique, réfléchie et durable qui permette de nous faire passer pour des démocrates véritables. A cela, la communauté internationale ne s'attendait pas.

On aurait vu les prostitués - au propre comme au figuré - s'afficher devant les caméras : champagne sur la table, poudre ou farine sur la tête, prière à la bouche, pour fêter la victoire honteuse des ordinateurs sur les urnes. Quel est ce grand homme d'Etat qui se permet pareil comportement devant une victoire électorale ? Dans quel pays a-t-on jamais observé une manifestation aussi basse de l'élévation à la magistrature suprême ?

On s'attend à toute autre chose maintenant. Et nous voulons nous assumer jusqu'au bout. S'il nous faut garder notre calme pour laisser s'en aller les soldats étrangers, mieux vaut cela. Car, de notre calme dépendra leur désorientation. Ils ne sauraient justifier leur présence dans notre pays. Mais une fois, eux partis, le linge sale se lavant en famille, nous demanderons des comptes à ceux qui ont tenu la comptabilité. Qu'on ne vienne pas trouver cela injuste car "les bons comptes font les bons amis". Même si en réalité, les vrais et bons amis ne se font jamais de compte : ils s'aiment ! Comprenne qui pourra!

Les dés sont tombés. Les espoirs également. Ce sont les bouchons de champagnes sablés hier de la nuit et les orgies de tous genres auxquelles se sont livrés les "vainqueurs" qui ont supplanté la joie du peuple. Ils nous ont volé notre victoire électorale avec leurs ordinateurs sophistiqués. Ils ont maintenant peur de notre silence. Ils n'osent circuler ni crier leur victoire tronquée. Notre silence les effraie car, il pourrait décider leurs alliés à se replier, sûrs d'avoir bien joué leur rôle jusqu'au bout.

Mais aussitôt abandonnés de leurs véritables maîtres à penser, nos heureux seigneurs risquent de s'envoler devant la fronde qui les attend. Car pour nous, le linge sale se lave en famille. Et puisqu'ils ne sont pas de la famille, ils décamperont, la queue entre les pattes. Car, en démocratie, la parole vaut son pesant. Il ne suffit pas d'agir correctement, il faut encore savoir défendre son action. Et puisqu'ils ont peur de la foule (comme tout assassin qui n'ose regarder sa victime dans les yeux), ils nous fuiront après nous avoir réduits en macchabées. Wait and see!

Tout est accompli ! Que Louis Michel, Swing et consorts replient bagages. Nous avons du pain sur la planche avec notre capitaine taciturne. Les interprètes nous prennent pour des incultes et nous traduisent de travers sa pensée. Nous aimerions entamer l'étude systématique des faits et gestes du nouvel ancien guide pour reconstruire. L'Avenue de l'Université est devenue impraticable. Celle de Selembao, également. Je risque de n'en pas finir avec l'énumération. Toutes les routes sont foutues puisqu'elles ont été réparées par les techniciens financés par la Coopération Technique du BCCO. Une bien bonne façon de nous enclaver.

Alors, l'heure est à la reconstruction et au développement. Un parti politique s'y est bien identifié pour bien nous rouler. Nous aimerions qu'il passe à l'action pour nous délivrer. Plus d'encombrement. Plus de vieil opposant. La classe politique est rénovée avec les fumeurs de chanvre et les danseurs. L'heure est à la débrouillardise. Allons-y, tous ensembles pour la descente en enfer pour retirer le coltan du ventre de la terre et exporter l'uranium à tout l'univers.

Pourquoi dors-tu, Prince du fleuve ? Pourquoi crois-tu qu'il te faille user tes culottes sur le banc de l'école pour mémoriser des formules ridicules qui ne te permettent même pas de fabriquer un grain de sel de cuisine ? Réveille-toi, ô toi qui dors ! Prends ton couteau et descends à la rivière. Faute de léopard, tu pourrais tuer un boa. En l'éventrant, tu pourrais gagner ta vie et gouverner sur ses vertèbres dénudées. Le poisson glissant trop entre tes mains, tu pourrais réserver la pêche aux plus faibles de tes compatriotes. Tu es un vaillant combattant dont l'arme atteint le terrible Goliath en plein visage et l'effondre à tout jamais. Achille en avait eu pour son compte avec son talon non imbibé. Quel est ton point vulnérable par où je peux enfoncer mon poignard empoisonné ? On ne demande pas à son ennemi son point faible pour l'achever, il faut le découvrir.

Alphonse-Marie Bitulu

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