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Prince du Fleuve Congo
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24 juillet 2006

Kabila a-t-il voilé la loi ?

Placardage d’effigies sur les bus publics : Kabila a-t-il voilé la loi ?

Kinshasa, Lemba Super, vendredi 21 juillet 2007 07.25. L’auteur prend place à bord du bus ‘‘Spécial Kinshasa’’ qui est dit appartenir à l’Hôtel de Ville de Kinshasa dont il arbore d’ailleurs les armoiries. Le bus démarre aussitôt en direction du centre-ville curieusement sous les regards, gestes et paroles menaçants des passants, équipages et passagers d’autres véhicules.

Les passagers du bus public se demandent les uns les autres ce qui leur arrive pour faire l’objet d’une attitude aussi hostile de la part de tout le monde. A la hauteur de Limete 15ème rue les menaces se précisent et deviennent de plus en plus violents, surtout de la part des receveurs des combis : ‘‘Bino batu ya PPRD, bozela, bokomona, bokikima na ba maki na bino ya kopola wana’’ (Vous les gens du PPRD, attendez, vous allez voir, vous allez fuir avec vos œufs pourris là). 

Intrigués, les pauvres passagers demandent au chauffeur et au receveur ce qu’ils ont mis sur leur bus pour que les occupants soient pris pour des gens du PPRD, le parti du président sortant, qui est très loin d’être populaire à Kinshasa. L’auteur se rend compte que tous les regards de ceux qui les menacent du dehors sont dirigés vers le toit du bus et dans sa tête,  tout commence à s’expliquer. Une société de publicité mobile de Kinshasa utilise les bus ‘‘Spécial Kinshasa’’ sur les toits desquels elle pose ses réclames publicitaires. Cette société, se dit l’auteur, a dû poser l’effigie du candidat Kabila sur le toit du bus. Ce que le receveur, à la question de l’auteur, confirme.

Tollé général des protestations dans le bus. Et pour cause, dans la ville, juste pour avoir porté un T-shirt frappé à l’effigie de Kabila, beaucoup se sont copieusement fait tabasser. Mercredi 19 juillet 2006, après avoir échappé belle à un lynchage en règle, une employée d’une société basée à l’Aéroport International de N’djili, a dû, pour rentrer chez-elle en toute sécurité en fin de journée, troquer son T-shirt à l’effigie de Kabila contre celui de O. Kashala.

Rouge de colère, un passager sort de son sac une copie de la loi électorale et en lit l’alinéa 2 de l’article 30 : ‘‘Tout affichage (d’affiches, de photos et autres effigies de propagande électorale) est interdit sur les édifices publics’’. Dans un brouhaha indescriptible, chacun, éclairé par cette lecture, y va de sa conclusion de la violation de la loi électorale par le candidat Kabila. Seul contre tout le bus, un sympathisant du président sortant candidat relève la nuance selon laquelle l’article 30 parle d’édifices et non de bus publics. Le pauvre ne sait pas pousser plus loin la défense de son candidat tant ses contradicteurs parlent tous en même temps. 

D’autorité, une dame tranche qu’après tout, la nuance soulevée par le sympathisant de Kabila ne résiste pas à la critique. Car si le bus ‘‘Spécial Kinshasa’’ appartient effectivement à l’Hôtel de ville, il est à ce titre un bien public et se trouve judicieusement couvert par l’alinéa 2 de l’article 30 de la loi électorale, dont il faut privilégier l’esprit et non la lettre, au même titre que les bus publics STUC, les véhicules de l’armée ou de l’administration publique sur lesquels les matériels de propagande ne peuvent pas être placardés.

Excédée par ce débat de juristes, une autre dame, fait observer, fixant le sympathisant du candidat Kabila, que des affiches de propagande sont bien collées sur la clôture droite du palais du ministère des affaires étrangères, et que les effigies et banderoles sont placées les unes à côtés des autres, les unes sur les autres, en violation flagrante de la fameuse loi sans que personne ne s’en émeuve.

Plus pragmatique, elle décide que de toutes les façons, l’Hôtel de ville doit enlever les photos de Kabila sur le bus, car il doit veiller avant tout à la sécurité des véhicules et des clients. Ces véhicules sont trop précieux pour les exposer à la colère des vandales qui peuvent les endommager  à cause de ces effigies qui n’ont pas l’amour des Kinois. Elle conclut, soutenue par tous les autres passagers, à l’exception du sympathisant de Kabila bien sûr, qu’elle ne monterait plus dans ce bus ‘‘Spécial Kinshasa’’ tant que les effigies du candidat Kabila y seront placardées.

Sur le boulevard du 30 juin, l’auteur descend du bus et voit deux photos de Kabila, l’une placardée sur le flanc et l’autre posée sur le toit avec le slogan : ‘‘Momemi maki asuanaka te, abundaka te’’ (le porteur d’œufs ne se chamaille ni ne se bat).

Joli moto, mais d’autres se chamaillent et menacent de rosser ceux qu’ils soupçonnent de bouffer de ces oeufs. 

Anthony MK KATOMBE

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