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Prince du Fleuve Congo
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4 juillet 2006

Campagne Electorale ou Racolage?

Le Temps des promesses

Plus nous avançons dans le temps et plus la vision de ce que sera l’avenir se brouille. Et bien que de nombreuses voix nous susurrent à l’oreille que nos problèmes vont commencer à se régler le 30 juillet 2006, une fois que nous aurons voté, la réalité nous frappe durement pour nous sortir de ce rêve. Et alors nous replongeons tout éveillé dans le cauchemar du quotidien des congolais, dans le combat pour la survie que mènent chaque jour les filles et les fils de cette nation, dans cette âpre lutte pour une maigre pitance qu’ils livrent du lever au coucher du soleil. Et cette réalité va être bousculée sans ménagement par la campagne électorale, campagne qui va voir les nantis de la Transition (candidats et leurs aides de camps) se ruer dans une course effrénée de promesses grandiloquentes mais creuses.

Ah ça ! Pour promettre, ils vont promettre ! Nous allons même devoir inventer un mot plus fort que « démagogie » tellement ces promesses seront d’énormes flagorneries visant  le simple racolage de nos suffrages. Des promesses aussi éculées que vides de toute volonté de mise en application  pour en assurer la réalisation. Des promesses tellement flatteuses que même maître Renard en serait jaloux.

Eh oui ! La campagne électorale que nous allons vivre ne sera rien d’autre que le temps des promesses fallacieuses. Nous allons voir ces politicailleurs venir à nous comme la prostituée vient minauder de tous ses charmes, nous faisant croire que nous sommes aussi séduisants qu’Apollon en personne et aussi fort qu’Hercule alors qu’en réalité seul notre capacité financière est d’intérêt pour elle. Ils vont venir nous charmer avec des promesses qui ne sont que des mensonges pour nous soutirer une voix pour qu’ils soient élus. Mais alors que pour le vrai démocrate, être élu signifie se mettre au service des autres, notamment ceux qui ont justement voté pour lui, nous savons de manière empirique que ceux qui au Congo cherchent la charge publique le font pour leur propre compte, eux et leur famille directe.

Mais si l’on se penche plus sérieusement sur ces promesses, l’on se rendra vite compte qu’en fait c’est depuis dix ans que des promesses sont faites au congolais sans qu’aucune ne soit jamais tenue. Et comble de malheur, ceux qui promettent et ne tiennent pas sont ceux qui sont les plus fervents compétiteurs qui se lancent dans la campagne à venir. A croire que pour l’éternité le Congo ne sera jamais régi que par eux. Mais nous sommes aussi à blâmer car nous sommes l’illustration de l’adage qui dit «  les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Et nous avons depuis toujours cette attitude quasi infantile de croire tout et n’importe quoi.

En 1996, Mobutu est chassé de son trône par « un conglomérat d’aventuriers » qui nous ont promis que tout allait changer. Nous les avons crus sans retenue aucune. Dix ans après, le quotidien des congolais fait presque regretter le Léopard de Gbadolite. En 1998, Laurent Desiré Kabila nous promet que les étrangers qui combattent sur notre sol sacré allaient être boutés hors du pays, nous l’avons cru. Aujourd’hui, un certain Hyppolite Kanambe, sujet tanzano-rwandais, est à la tête du pays depuis l’assassinat du tombeur de Mobutu survenu en 2001. En 2003, ce même Hyppolite Kanambe, devenu entre-temps Joseph Kabila, fils de l’autre, se partage le pouvoir avec d’autres Seigneurs de Guerre et nous promet la paix sur tout le territoire. Nous y avons cru. Aujourd’hui allez demander aux habitants de l’Est du Congo s’ils connaissent la paix. Ils n’auront même pas à se donner la peine de vous répondre car la simple vision de leurs conditions de vies vous édifiera sur la réalité de cette promesse faite pour le plaisir de la faire.

Pendant les 3 dernières années, les promesses émanant des acteurs (au sens hollywoodien du terme) de la Transition se sont succédées sans qu’une seule ne soit réalisée.

En voici un intéressant florilège : Accords de Mbudi sur le traitement des fonctionnaires de l’Etat. Brassage et intégration des hommes en arme qui circulent dans le pays. Paiement régulier de la solde des militaires afin qu’ils ne se paient plus sur la population par moult exactions et brimades. Brassage et intégration des hommes en arme qui circulent dans le pays. Lutte contre la corruption et le pillage des ressources minières (avec en point d’orgue le rocambolesque parcours du Rapport de la Commission Lutundula). Réhabilitation et construction des infrastructures urbaines de base (moins de 500 km de routes reconstruites à la va vite en 10 ans !!). Amélioration de l’accessibilité à l’eau (même à l’imbuvable mais utilisable au moins pour se laver)  et l’électricité (alors que nous avons un outil fabuleux appelé Inga !!). Lutte contre la pauvreté et l’exclusion (aujourd’hui nous vivons avec moins d’un dollar par personne et par jour et nous assistons à une explosion du nombre de « shegués »). Amélioration dans le domaine de la santé (envisagez donc de tomber malade au Congo et vous comprendrez l’épreuve que cela représente pour le commun des gens !).

Nous pourrions continuer ainsi sur des kilomètres de page, mais sans que cela ne fasse une quelconque différence dans le chef de politiciens congolais.

La campagne est officiellement ouverte depuis le jeudi 29 juin dernier…Ils avaient promis de respecter les textes légaux édictés par leur Commission Electorale Inféodée (pardon Indépendante, je voulais dire !!), mais, comme d’habitude, ils se sont lancés dans la campagne bien avant. En course automobile, cela s’appelle voler le départ et c’est sanctionné par les juges.

Mais nous savons aussi que dans la compétition politique au Congo, les juges sont d’une affligeante et écrasante partialité. De plus, ce sont eux qui ont misé la plus grosse somme et ils comptent bien tout faire pour gagner le gros lot à la fin du tirage. Et pour que les petits joueurs que nous sommes, nous le peuple congolais, ne se mettent pas en tête d’avoir la moindre chance de gagner (une vie meilleure), ils nous promettent que lorsqu’ils auront gagné, ils partageront avec nous.

Et nous les croyons ?

Et si nous aussi nous leur faisions la promesse de les croire, de croire en la grande compétence et la grande probité de nos politiciens, de croire en la transparence des élections à venir, de croire que vraiment tous les candidats ont la même chance de gagner, de croire que les élections auront réellement lieu, de croire que Joseph Kabila n’est pas Hyppolite Kanambe, de croire réellement que la Communauté Internationale est impartiale ? Nous pourrions alors les laisser croire que nous les croyons, puis lorsqu’il le faudra nous leur assènerons notre vérité.

En vérité, je vous le dis…Le temps des promesses est le temps de notre plus grand combat.

Philippe Lomboto Liondjo

Bana Congo, Section Suisse.

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