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Prince du Fleuve Congo
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16 mai 2006

Santé, Education et gestion publique

Réactions aux propos de Frank.

                                    Sur Congomania.

Cher Frank, Chers Amis,

L’exaspération que je perçois dans les propos de Frank sur le « cas Kagamé » est tout à fait compréhensible. Et elle l’est au moins autant que celle que lui-même ressent envers ceux qui se répandent en longues récriminations contre le sieur Kagamé. Je ne souhaite pas entrer plus en avant dans le débat récurrent sur le rôle du maître de Kigali dans les tristes événements qui ont mené notre chère patrie là où elle se trouve en ce jour, même si je tiens à préciser que pour moi et pour de nombreux analystes, Kagamé est au cœur du problème (des problèmes) dans la région des Grands Lacs.

Je ne m’attarderai point aussi sur une description xéno phobique de ce personnage malsain.

En fait, je suis comme Tony Katombe de Congomania. Je souhaiterai que l’axe de discussion que propose Frank devienne le sujet principal dans les échanges, tous les échanges des congolais, où qu’ils soient. Il est effectivement plus que temps qu’une modification drastique s’opère dans le chef des congolais dans l’approche analytique que nous avons lorsque nous abordons le sujet primordial du devenir de notre Nation. Et en ce sens, la requête de Frank nous met sans ambages sur les rails :

« Le souci de l'amélioration du niveau social du pays comme priorité number one »

Mon Cher Frank, En réalité, voilà qui devrait être la question première que chaque électeur et chaque congolais doivent poser aux 33 candidats, tant il est vrai que c’est là le souci quotidien de cette population qui endure les pires souffrances depuis la nuit des temps. Et ce niveau social est tellement bas que tout le reste, à savoir les préoccupations politico-politiques habituelles, passent au second plan et ne peuvent s’appliquer valablement et fonctionner correctement que si le tout se construit sur le relèvement conséquent du « niveau social ».

Reste à savoir si nos « chers politiciens » savent ce que l’on entend par niveau social ! Ce dont, comme toi, je doute. Et ce ne sont pas leurs actes passés ou présents qui diront le contraire. Pour eux, le seul « niveau social » qui a de l’intérêt à leurs yeux est le leur en priorité et en finalité. Je ne crois pas que l’on puisse attendre autre chose de leur part.

Je suis de ceux qui pensent que ce « niveau social » est totalement lié aux trois secteurs que tu énumère dans ton message (santé, éducation et gestion publique) mais je rajouterai aussi urbanisme et économie, même si ces deux derniers peuvent être comprit dans « gestion publique ». Et il est à noter que l’ordre d’importance, l’ordre de priorité de traitement que nous devrions affecter pour ces domaines est l’ordre que tu donne.

  • La Santé :

Tomber malade au Congo est parfois (souvent ?) synonyme de se rapprocher de la mort tant il est terrifiant de constater l’état de délabrement avancé des structures de soins au pays. Le sous-équipement en matériel et en médicaments viables est affligeant. Nous avons de (bons ?) médecins et autres praticiens, mais leurs conditions de travail (salaires, équipements, etc.) sont tels que l’on se croirait au moyen âge.

Comment peut-on vivre dans un pays aux immenses potentialités de richesses, mais où c’est le malade (sa famille, et donc la diaspora) qui doit venir à l’hôpital avec son lit, ses draps, son stéthoscope, ses pansements, ses seringues, son tensiomètre, son aspirine, sa morphine, sa pénicilline, son scalpel, sa table d’opération, son défibrillateur, ses anesthésiants, son unité de réanimation et sans oublier une bonne quantité de dollars pour « motiver » le réceptionniste, les aides-soignants, les infirmiers, les internes et les docteurs ?

Or, et c’est une vérité de Lapalisse, une indéniable évidence, de la bonne santé de la population dépend le fonctionnement en grande partie de la « machine ». Une trop forte portion des forces laborieuse qui n’est pas en bonne santé et c’est l’appareil de production qui se grippe. Bien sûr, dans le cas du Congo notre pays, cet appareil est déjà très endommagé par d’autres causes, mais nous y reviendrons plus tard.

En occident, le secteur de la santé est particulièrement « soigné » car il est un des fondements du développement social du pays et, en conséquence, du développement économique. Et selon des spécialistes, le phénomène dit du vieillissement de la population tient dans le fait que la santé a augmenté considérablement l’espérance de vie des populations occidentales. Ce faisant, la masse laborieuse est utilisable plus longtemps. Je vous concède qu’il existe des effets pervers liés à ce vieillissement, notamment une augmentation marquée des dépenses publiques relatives aux pensions de vieillesses.

Mais, le point le plus important, au regard du Congo à l’heure actuelle, reste que l’amélioration de la réponse que l’on fera au problème de la santé  permettra un accroissement de la « vigueur » productive de plusieurs millions de personnes. Et le bénéficiaire ultime de cette amélioration sera l’état.

  • L’Education :

Ce secteur à une importance quasi égale à celui cité plus haut car son impact sur le développement tant social qu’économique pour le pays est indubitablement avéré. D’où une certaine difficulté de le « classer » en seconde position dans notre « liste des choses à améliorer » pour relever le Congo.

Cependant, je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire qu’il vaut mieux être d’abord en bonne santé avant d’aller ou pouvoir aller à l’école.

Mais là aussi, il est triste de relever les multiples carences et  autres dérives lacunaires que connaît le système éducatif congolais. Ce n’est pas tant dans le model éducatif choisit que les plus grandes aberrations se trouvent, mais bien sur les plans « techniques » et « comportementaux » de transmission/réception du « savoir ».

Outre le fait que nous avons choisit un model que je qualifie de « surdiplômation » (excusez ce néologisme ) qui a entraîné une production surnuméraire de diplômés en tout genre qui, par la faute de la mauvaise gouvernance que connaît le pays depuis quatre décennies, sont dans l’absurde situation de ne pouvoir utiliser les compétences et autres qualifications pour le bien de tous, nous sommes aussi confronter à l’épineux problème de la  morale, ou plutôt de l’amoralité, dans le chef de ceux qui ont la lourde et noble tache d’enseigner afin de former les élites de demain.

Je ne suis pas de ceux qui accordent la moindre excuse à un enseignant qui ose, de manière délibérée, abuser de jeunes filles sexuellement et/ou financièrement, avilissant et détruisant ainsi de futures mères de familles. En effet, comment de jeunes femmes qui ont eu à subir de telles horreurs pourront-elles éduquer convenablement leur progéniture ? Quelles sont les valeurs morales qu’elles transmettront à leurs enfants ? Et  ne venez pas me dire ici que c’est la situation de paupérisation et de clochardisation du peuple qui a conduit à de tels comportements abjects !

Savez-vous que 95% des diplômes universitaires des congolaises ne sont pas reconnus hors du pays car considérés comme « sexuellement acquis » ?

Rien que sur cette triste peinture de ce qu’est l’éducation au pays, l’on comprend que l’impact sur la société est important dans la mesure où les élèves reproduisent dans leur vie de tous les jours les comportements « appris » à l’école

Et bien sûr, les dix dernières années n’ont fait qu’empirer la dépréciation du secteur de l’éducation au Congo.

Aujourd’hui, il n’est pas faux de dire que c’est plus d’une génération qui est irrémédiablement gâchée et les conséquences de ce fatal gâchis, nous devront les supporter sur deux ou trois autres générations à venir.

  • La gestion publique :

Ce domaine, je le mets en troisième position, non pas parce que je le considère de moindre importance par rapport aux deux premiers, mais, bien au contraire, parce qu’il doit englober les deux autres et parce qu’il doit servir à leur amélioration par une action réfléchie, raisonnée et adéquate pour une maîtrise sans failles de tous les aspects humains et techniques qui sont requis pour cela. La gestion publique (gestion de la chose publique ou encore la bonne gouvernance) n’est pas quelque chose d’aisé. Celui qui vous dira le contraire est un fieffé menteur ou un dangereux irresponsable à qui il faut dénier avec force le droit de conduire le pays.

Pourtant, le principe de base de la gestion publique est d’une simplicité enfantine !

Il suffit de comprendre que c’est un sacerdoce, une charge que l’on accepte de porter et non une profession comme nombre de congolais ont la malheureuse tendance à le croire. En effet, Président de la République n’est pas une profession. Ce n’est pas un métier. Ni même Ministre !!! Il n’existe pas de cour de « présidentologie » (encore un néologisme) !

Et c’est pour cela que cette notion simple devient difficile lorsqu’il s’agit de l’appliquer au quotidien et spécialement dans le contexte congolais. Nos politiciens croient qu’ils exercent un métier alors qu’en réalité ils ont accepté une charge. Ils croient qu’ils doivent avoir un salaire pour l’exercice de cette « profession » alors qu’en réalité c’est plus une compensation que le souverain primaire leur accorde pour le temps qu’ils passent, par la délégation de pouvoir que le peuple donne lors du scrutin, à s’occuper des affaires du pays, donc de tous.

Lorsque nous aurons réussi à faire comprendre cela aux gens, alors nous pourrons voir une certaine évolution dans le comportement politique.

ATTENTION !!! JE NE PRETENDS PAS QUE CELA SOIT SUFFISANT.

Il est clair qu’une évolution plus en profondeur dans de multiples aspects des comportements des congolais, aussi bien chez ceux qui aspirent à gérer la chose publique que chez le reste de la population, doit accompagner les changements fondamentaux qui se réfèrent à l’ébauche esquissée par votre serviteur dans cette disserte qui se veut une sorte d’apport dans le débat qui est né du message de Frank.

Je suis bien sur impatient de lire vos réactions et vos idées.

Dans cette attente, recevez, chers compatriotes, mes très amicales salutations.

Philippe Lomboto Liondjo

BanaCongo, Section Suisse.

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