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Prince du Fleuve Congo
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17 mars 2006

D'Alphonse à Etienne

Chers amis,

Faisant suite à la lettre de Philippe, je viens, à mon tour, d'écrire une lettre

au Dr Etienne Tshisekedi pour lui exprimer ma solidarité en tant que fils du

pays qui attend beaucoup d'un changement radical dans la direction de la "Chose

Publique". En voici la teneur :

Excellence Etienne Tshisekedi,

En âme et conscience, j’aimerais vous adresser cette lettre ultime, en écho à

celles de mon frère et ami Philippe Liondjo qui, de la lointaine Suisse, nous a

donné l’exemple combien encourageant d’un patriotisme actif.

Chaque jour, depuis le 10 mars, lorsque je monte dans le bus, la déception que

j’entends les gens débiter sur le sort de notre pays avec votre refus de

déposer votre candidature, m’incite à vous réitérer la demande pressante

d’accepter de vous présenter aux bureaux d’enrôlement des candidats.

Les arguments juridiques évoqués pour justifier votre non-implication au

processus en cours qui a déraillé cèdent le pas devant l’entêtement des

jusqu’au-boutistes en face desquels nous nous trouvons.

Antoine Gizenga a pris le courage de dénoncer le caractère anti-constitutionnel

de la caution non-remboursable exigée par la CEI. Je vis dans le pays et je

sais que 50.000 $ ne courent pas les rues. Pas plus que les 110.000 FC exigés

aux députés nationaux. A cette allure, seuls les nantis – dont pour la plupart,

des magouilleurs des défunts régimes qui ont dirigé le pays – pourraient se

présenter.

Il serait plus juste de vous présenter la tête haute et déposer un dossier

complet où il ne manquerait que le seul reçu de ce montant et expliquer tout

haut que ce montant est une tricherie pour éliminer une grande portion de fils

méritants de postuler. Combien de Congolais peuvent justifier d’une épargne de

50.000 $ ? Quel parti peut exhiber des reçus de ses contribuables de l’ordre de

ce montant ?

Cela veut dire en clair que tous ceux qui sortiront ce montant l’ont obtenu par

des efforts personnels hors de commun (les détournements y compris). Et quand

bien même vous auriez ce montant, n’oubliez pas de faire mention de cette grave

injustice que le législateur a délibérément commise à l’endroit de notre

peuple.

Dans son désarroi, le peuple redoute de se retrouver sans leader au cas où vous

laissiez libre cours à ces prédateurs. Pour avoir rempli leurs poches des fonds

extorqués à la communauté internationale à titre de rémunération pour de longs

mois d’inactivité, les voici bourrés de sous à dilapider pour leur campagne

qu’ils sont sûrs de remporter puisqu’ils seraient les seuls à se présenter en

compétition.

Comprenez que le combat n’aura pas lieu, faute de combattants. Certains peuvent

se jeter dans la marre en versant cette caution. Il s’agit parfois de candidat

aux allures si limitées que la coterie d’en face – leur vrai mandant -

l’emportera. C’est comme s’il s’agit d’un trompe-l’œil pour crédibiliser le

processus. On criera vite que le scrutin a été bien organisé puisqu’il y avait

des candidats alors qu’en réalité les dessous des cartes ont consisté à

avaliser une thèse. On connaît ce jeu avec des « pasteurs » qui distribuent des

devises aux membres de leurs familles pour les récupérer lors de la quête de

l’offrande afin de stimuler les autres à suivre l’exemple.

Puisqu’on a déjà des candidats enregistrés, Dr Etienne, prenez votre courage à

deux mains et présentez vos dossiers. Peu importe les railleries de ceux qui

pensent que vous manquez d’argent pour cette formalité. Si c’est la seule

formalité, je prends la communauté internationale à témoin : elle jugera de la

validité ou non de cette seule formalité. Mais au moins, elle aura évalué le

degré de votre engagement pour la cause du pays.

Sans avoir jamais appartenu à votre parti, je sais que ce dernier est capable de

réunir cette somme, si d’aventure elle constituait un obstacle majeur à votre

candidature. Toutes les autres exigences disparaîtront avec votre seule

présence au milieu du village comme rassembleur. Car tous ces trouble-fête

s’amusent tant qu’ils ne voient personne lever le petit doigt pour défendre la

cause du peuple.

Tous ces remue-ménage dans l’espace présidentiel, autant qu’au sein des partis

et institutions de la transition ne visent qu’à brouiller notre attention pour

nous détourner de l’essentiel. Une fois le temps consommé, nous risquons de

retrouver à la veille du 23 mars et le désormais célèbre président de la CEI

n’hésitera pas de venir nous afficher son sourire moqueur et la rigueur de la

loi ; oubliant que le Christ qu’il sert a clamé tout : le sabbat est fait pour

l’homme et non l’homme pour le sabbat.

L’objet de ma lettre est donc de vous supplier pour le dépôt, toutes affaires

cessantes, de votre candidature et non de nous désigner un dauphin qui ne

jouirait pas d’autant de crédibilité que vous auprès même des adversaires. On a

vu des joueurs distraits sur le terrain puisque fascinés par le beau jeu de

leurs adversaires, ils en oublié leur propre camp. Vous êtes de ces meilleurs

joueurs capables d’attirer les voix et les applaudissements même de vos

adversaires.

Bon courage !

Alphonse-Marie Bitulu

Kinshasa

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